Plusieurs coutumes caractérisent Madagascar. Le « famorana » est une des plus populaires, sacrées et fondamentales pour la population malgache. Il faut que toute la gent masculine soit circoncise. L’événement s’apparente surtout à des réjouissances, car l’enfant n’est plus un enfant.
Alors, que faut-il savoir sur cette circoncision ? Pourquoi tant d’engouement à ce sujet ?

De quoi s’agit-il ?

Le « famorana » a toute son importance et sa particularité. C’est à la fois une pratique (assurément un processus médical) et une cérémonie de circoncision d’enfants âgés de 2 ans. L’idéal est de le faire avant leur scolarisation. Bien sûr, il peut se faire à n’importe quel âge. Il s’agit de l’ablation du prépuce, « Lohantsitsy » en malgache, qui est un véritable rite depuis le temps des ancêtres. La totalité des Malagasy en sont concernées. Toutefois, certains clans Antandroy échappent du lot.

À titre d’information, l’appellation de la circoncision malgache change d’une tribu à un autre. Dans l’ensemble, le principe reste le même, mais les rituels sont variables suivant l’ethnie.

  • Dans la région Analamanga, on parle de « Famorana », de « Didim-poitra » ou de « Hasoavan-jaza ». L’événement se déroule chaque année.
  • Dans la région Sud-Est, on fait référence au « Sambatra », chez les Antambahoaka (peuple de cette région). La circoncision a lieu tous les 7 ans et en mois d’octobre.
  • Dans la région du Sud-Ouest, il s’agit du « Savatse ».

Quelle est son origine ?

Selon les dires, le roi Andriamanelo était le principal initiateur de ce rite. Durant son règne, il a d’ailleurs été l’instigateur de la consommation de la viande de zébu, de l’utilisation du fer pour l’armement, de la fabrication de pirogues, etc. Auparavant, circoncision eut lieu en période de lune montante. Selon les croyances, cela permet au petit garçon d’avoir une destinée plus favorable, mais surtout puissante.
Andrianampoinimerina, quant à lui, a fait de cette coutume une fête nationale. Il a également intronisé la circoncision septennale. La circoncision est réalisée un vendredi, tous les 7 ans. Notez que le vendredi est un jour saint pour les malgaches. Cette tradition est maintenue à Mananjary, chez des Antambahoaka, en mois d’octobre.

Pourquoi le famorana est-il exceptionnel ?

Le famorana est bien plus qu’une simple pratique. En effet, le rituel affirme la masculinité de l’enfant. Ce n’est qu’après cette étape qu’il acquiert le véritable statut d’homme. Dès lors, il sera en mesure de protéger sa famille, d’avoir les forces nécessaires pour subvenir à ses besoins quotidiens de se faire respecter au sein de la société.
Des tribus, très exigeants à ce sujet, sont à même d’interdire l’enterrement des hommes non circonsis dans le tombeau familial.
À noter qu’il n’est pas rare de voir des hommes se faire circoncire, puisqu’ils ne l’ont pas encore été à leur plus jeune âge.

Comment se déroule le famorana ?

À Madagascar, le famorana se fait en période hivernale. Généralement de mai en août, selon l’organisation des familles et proches concernés. En ces temps, la cicatrisation est plus facile et rapide.
Néanmoins, cela dépend aussi de la tradition ou « fomba » de la région.

Auparavant...
Le Famorana est réalisé à l’aube (avant 6 h du matin, dans la majorité de cas) au domicile du garçon. Le choix de la date est prescrit par un devin-chamane ou « mpanandro ». 
Les accessoires nécessaires à la pratique :

  • Les tiges de cannes à sucre (ou « fary »), symbole d’une vie heureuse,
  • Les bananes, pour marquer le souhait et la possibilité d’avoir des descendances mâles,
  • L’eau sacrée (ou « Rano mahery », à recueillir au pied d’une montagne. C’est un homme fot, dont les parents sont encore en vie, qui s’en charge. Il est accompagné de groupes d’hommes munis de boucliers, de lances et d’armes diverses. Les personnes qui prennent part à la circoncision se serviront de cette eau pour se laver les mains, nettoyer la plaie du petit et le matériel. La nuit avant de cette phase, chaque personne doit prier 3 fois.

Le père, les oncles et les grands-pères du petit garçon sont les seuls autorisés à participer à la cérémonie. Le prépuce doit, ensuite, être avalé par le grand-père ou un oncle maternel avec de la banane.

Le prépuce est enlevé avec une bribe de bambou, un petit couteau ou une lame, sans anesthésie.

Cette mission relève des compétences des personnes reconnues dans le village et spécialisées dans cette pratique traditionnelle. Il s’agit notamment de guérisseurs traditionnels ou de « Rain-jaza ». Ils sont les mieux placés pour cela.
Tout au long de l’opération, la famille et tous ses invités dansent et chantent, musique à fond. Il s’agit d’un jour unique et inoubliable.

Actuellement…
Au fil des années, ce rite ancestral a toujours sa valeur inestimable. Dorénavant, le Famorana se pratique en privé dans la majorité des régions du pays. Et puis, la vie citadine ne sera pas la même que la vie à la campagne.

La circoncision traditionnelle est toujours de rigueur. Les hommes de la famille s’entretiennent et regroupent tout ce qui est nécessaire au rituel. C’est toujours au grand-père ou au chef de famille d’avaler le prépuce avec de la banane.
Des groupes et associations organisent annuellement une circoncision traditionnelle massive gratuite, afin d’aider au mieux les familles les plus démunies.

De nos jours, la modernité et la nouvelle civilisation s’imposent petit à petit. Un fait qui n’affecte en aucun cas l’esprit véhiculé par le famorana, mais le déroulement est bien différent. La cautérisation ou circoncision à l’américaine est pratiquée à Madagascar depuis plus de 20 ans maintenant. Des médecins généralistes s’y sont spécialisés et proposent ce service dans leur cabinet ou à l’hôpital. Certains d’entre eux peuvent se déplacer à domicile, en fonction de leur disponibilité. Ils sont formés et équipés pour gérer toute complication.
Ce type de famorana est de plus en plus privilégié. En effet, cette méthode est moins douloureuse, grâce à l’utilisation d’anesthésie locale. Les risques d’hémorragies sont réduits. Elle est également plus hygiénique. Le matériel mis en œuvre est, en quelque sorte, un appareil spécial à la capsule. Le bistouri électrique est aussi utilisé.

Chaque famille a sa propre manière de marquer l’événement. Des foyers organisent des soirées la veille de la circoncision. D’autres préparent un déjeuner pour les convives. Tous les invités (familles, amis et proches) viennent avec des présents pour le petit garçon à offrir. Des jouets et des friandises qui feront sa joie, lui faisant oublier sa douleur et ses peines.

La circoncision est une des meilleures alternatives pour prévenir les infections. Le prépuce devient une niche à bactéries et microbes s’il n’est pas retiré. En outre, des chercheurs ont affirmé que la circoncision réduit les risques de maladies sexuellement transmissibles et de SIDA.